Les morts ne sont pas morts

Malik Nejmi

“Le film de Malik Nejmi s’ouvre sur une commémoration collective dans une mosquée. Suivent des images scandées par un même son tout au long des séquences. L’artiste nous convie au recueillement et à la méditation.
A travers la phrase du médecin-poète Birago Diop, « les morts ne sont pas morts », nous recherchons la présence des disparus à travers les visages, les lieux, les mots. Le religieux est ici mis au service d’un engagement et d’une cause : celle de l’humain, quels que soient son pays, sa religion, sa couleur. Le discours politique relaie le discours religieux par des manifestations, des messages, des slogans. Il n’y a aucune violence physique, aucun passage à l’acte. Au contraire, le silence ponctue les mots et les images, nous éloigne du ressentiment, de la rancune, de la haine.

Le droit de quitter son pays natal fait partie des droits humains. Le plus souvent, la destination de l’exilé lui est imposée par les conflits, la guerre, la faim. Il quitte sa terre natale, en s’exposant à des dangers multiples, pour un ailleurs chargé de rêves. La mort met souvent fin à ce rêve. Parce que l’accueil n’est pas reconnu comme un droit, parce que les risques du départ vers d’autres rives ne garantissent pas la survie, parce que des fanatiques méprisent la vie.

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis », nous dit encore le poète. Ils ne sont pas présents physiquement, mais ils sont dans notre mémoire. Celle qui nous rappelle qu’ils ont vécu, existé, que leur héritage s’inscrit dans notre histoire collective. Les africains le savent bien, puisqu’ils puisent dans la culture une philosophie du respect d’autrui, de compassion, de générosité et d’harmonie de l’univers. C’est cela qui constitue « le vivre ensemble » sur notre terre commune. Dans nos rêves, nous retrouvons ceux qui nous ont quittés, preuve qu’ils sont toujours là, parce que l’inconscient n’efface pas leur présence. De même, de multiples circonstances nous rappellent leur existence.

Le témoignage du photographe-cinéaste nous invite à entretenir le lien social permettant de continuer à œuvrer avec générosité et à honorer ceux qui nous ont quittés.”

Jalil Bennani

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16 pages / FR-ARABE
Février 2014
ISBN 978-9954-9154-6-2
Dépôt Légal 2015MO0410

30 MAD/ 3,00€